jeudi 22 juillet 2010

Tsáchila

Shuyun

C'est au terminal routier de Santo Domingo de los Colorados que je rencontre José Aguabil, Shuyun de son nom indien.
Shuyun est Tsáschila ce qui signifie : "le peuple vrai".
C'est un homme pas très grand, torse nu, un châle sur les épaules, des colliers et  les cheveux rouges, ce qui est la marque reconnaissable des Tsachilas.
Les enfants s'arrêtent devant lui bouche bée et les adultes se retournent sur lui, bien souvent avec un sourire en coin.
Nous montons dans un véhicule et après une bonne demi-heure de piste, nous arrivons dans son village, très beau, très propre. Les allées sont bordées de bananiers, de cacaotiers, de caféiers et autres plantes, des colibris par dizaines, des papillons  de 20cm...
Je fais le tour du village, puis rapidement les niños viennent me chahuter.



Il se trouve que le lendemain, le président de l'Equateur vient rendre une visite officielle aux Tsachilas, ce qui est une grande première dans l'histoire de l'Equateur et c'est un grand événement pour toutes les communautés Tsachilas.
Au petit matin donc, nous montons dans un bus qui nous amène dans une autre communauté où de nombreux autres bus sont déjà là, ainsi qu'une scène, une sono, des barnums, des journalistes, des photographes...
S'y mêlent des Tsachilas en tenue traditionnelle, d'autres ne portant plus les habits ainsi que des équatoriens venus sur place pour l'événement.
Je demande à Shuyun son avis sur le président. Il me dit que c'est un politique, mais que c'est la première fois qu'un président équatorien rend une visite aux Tsachilas, ce qui mérite d'être souligné.

Après un discours typiquement politique, un petit repas de fête, un peu de musique, et tout le monde part très rapidement comme il est venu.
De retour au village, à la nuit tombante, Shuyun vient s'assoir à côté de moi et entame une discussion dont, si la moitié des mots m'échappent, le sens et l'émotion, eux, ne m'échappent en rien.
En dix ans, la condition des Tsachilas a été bouleversée par les changements climatiques et urbains. La ville en amont a pollué et contaminé la rivière qui ne donne plus de poissons. Les animaux qu'ils chassaient jadis ont soit disparu, soit fui, et Shuyun m'interroge sur les changement climatiques qu'il ressent déjà fortement.

La plupart des Tsachilas ne porte plus ni la coiffe, ni l´habit traditionnel et se fond à la population. Shuyun  a extrêmement peur que leur culture, leur histoire et leurs traditions se perdent, et il se bat pour que cela n'arrive pas.
Kuchi
Wanpa
Achote (pour la teinture des cheveux)

Les "petits" escargots amazoniens
Le lendemain matin, il m'emmène dans sa forêt : nous avançons à coups de machette. Il s'efforce de réintroduire les plantes médicinales qui disparaissent.
Des arbres multi-centenaires, il n'y en a presque plus.
Nous en croiserons deux, dont un est affublé de dizaines de petites entailles. Quand  elles sont fraîches, un liquide blanc s'en écoule. Il soigne l'arthrite et aide à la cicatrisation. C'est le dernier arbre de l'espèce à des centaines d'hectares à la ronde et il se meurt. Sur le "chemin" Shuyun ramasse des plantes médicinales et des écorces pour la cérémonie du Limpia qu'il m'autorise à filmer l'après midi.
Limpia
 Il s'agit d'une cérémonie médicinale et de purification.
Après une dernière soirée passée avec Shuyun et sa famille, je quitte Shuyun sur le chemin dans une camionnette au milieu d'une tonne de bananes. Le jour n'est pas encore levé.

3 commentaires:

  1. stéphanie THUILLIEZ22 juillet 2010 à 10:28

    Bonjour et Bravo pour l'aventure
    De mon bureau marmandais, j'admire tout cela
    Nous t'embrassons bien fort Nour et Moi
    Et à bientôt

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  2. Impressionnant, je suis ton aventure au bureau. Ça me permet de m'évader un peu. Superbes les photos. J'attends la suite avec impatience. A bientôt
    Nico B.

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  3. impressionant
    bravo pour cette expedition.

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