mercredi 18 août 2010

Chachapoyas et Kuélap

Dès mon arrivée, Chachapoyas me séduit. Petite, charmante, tranquille et accueillante, sa place unique et verdoyante arbore une petite église et des fanions colorés. Nous sommes le 13 août et déjà commencent les festivités du 15.




 Sur la place s'érige un feu d'artifice très artisanal. Une structure, faite de fins bambous et de ficelles, forme une tour d'une trentaine de mètres de haut sur un mètre-carré au sol. Sur cette armature sont fixés pétards, fusées, effets pyrotechniques, mots de feux etc...


Tout autour de la place, des marchands de barbe-à-papa, d'artisanat et de jouets divers sont accompagnés par les fanfares et des petits spectacles.

Il est presque minuit et après une grosse journée de voyage, éprouvante et inconfortable, je ne tiens pas plus longtemps et me couche avant l'envoi du feu d'artifice.

Près de Chachapoyas (trois heures) se trouve le site archéologique de Kuélap.
J'ai 2 possibilités pour m'y rendre : soit prendre un car vers 8h, pour une visite de 11h à 14h, la pire pour les photos et pour l'affluence, soit prendre un collectiva partant à 3h du matin...

Cela peut paraître un peu fou mais c'est finalement la meilleure solution pour profiter pleinement du site. J'arrive avant 7h et attends une petite heure avant de monter sur les lieux. A cette heure évidemment les quelques travailleurs matinaux du site sont surpris d' avoir déjà de la visite. 
Il leur faudra crier pendant quelques minutes dans la vallée pour faire monter un guide.



Suzanna travaille sur place (recherche et guide) depuis des années, sa famille possédant le terrain sur lequel le site a été découvert.

Celui-ci  a d'abord été construit et occupé par les Chachapoyas, une civilisation pré-inca. Les Incas, après leur conquête, ont bâti de nouvelles habitations. Enfin, les conquistadors ont aussi construit quelques bâtisses. On trouve ici des traces de ces trois civilisations, dont les techniques de construction diffèrent.


Mais la grande majorité du site reste chachapoyas. Les constructions rondes de cette tribu arborent les symboles de ses divinités : le caïman, le condor, le puma, le jaguar, le boa et un autre serpent dont j'ai oublié le nom.

Condor
Jaguar
Caiman
Serpent
 Les constructions incas et espagnoles sont rectangulaires et se différencient entre autre par leurs portes.

On trouve dans la pierre quelques symboles taillés. Parmi eux, un petit visage que  Suzanna suppose être une tête d'extra-terrestre, ayant elle-même observé d'étranges phénomènes.



Nous nous séparons vers 11h. Je redescends par le très joli chemin qui aboutit sur Tinga en 2 heures et qui réduit d'autant la durée de trajet en voiture.

 De retour à Chachapoyas, une bonne surprise m'attend. Deux autres tours/feux d'artifice ont été montées durant la journée.


Sur la place, je rencontre Jorge, un artisan péruvien sur les routes du pays depuis un moment, bavard et plein d'histoires sur ses voyages.
En passant à l'hôtel je croise Carlos, le propriétaire, qui m'invite à me rendre dans la cour intérieure où, accompagné d'un ami, il donne un petit concert....

La nuit est tombée depuis peu, la température est douce et l'on nous apporte des petites liqueurs pour agrémenter la soirée.

Tout juste après cette charmante petite sérénade, le feu d'artifice sur la place voisine commence, les tours s'allument et s'enflamment, de bas en haut,  projetant en l'air fusées, pétards et autres effets.



Je retrouve Jorge et quelques-uns de ses amis pour une soirée festive et bien arrosée avant de trouver porte close devant l'hôtel vers les 4h... Le gardien finit par m'ouvrir et je m'écroule dans le lit après cette longue journée de 25 heures ....

le lendemain en me levant, je découvre dans la rue - tracés sur le sol - des schémas de routes bloquées à la circulation, des dessins éphémères faits à la sciure colorée, au sable et autres, représentant des drapeaux et des fresques religieuses.



Un peu plus tard dans la matinée commence une longue procession. Tous les jeunes enfants sont habillés en anges auréolés. Ils sont suivis de prêtres, d'évêques, d'une statue de la Vierge portée par quatre hommes, de personnes tenant des bougies et des fleurs, d'un orchestre, et d'une bonne partie des habitants de la ville, le tout dans une ambiance aussi festive que religieuse.









Une fois le calme revenu, je rejoins le petit groupe de la veille pour un petit repas fort sympathique avant de nous séparer.

Je retrouve ensuite Carlos et Flor qui on chanté la veille au soir, leur ayant proposé un petit rendez-vous pour filmer quelques chansons...

Carlos, très occupé, est un peu en retard et le guitariste un peu éméché par la fête ne veut pas venir et préfère que l'on vienne à lui...
Nous sautons donc dans un taxi et faisons demi-tour,  Carlos ayant oublié sa guitare. Nous repartons mais nous sommes bloqués par des défilés et des fanfares avant d'arriver sur place. Mon autocar de nuit pour Chiclayo part dans moins d'une heure...

C'est donc un peu dans la précipitation que nous enregistrons 3 chansons dans une toute petite cour, sous les regards fortement éméchés mais attentifs des quelques personnes présentes, avant de courir pour retourner à l'hôtel, un peu hilares en raison de la situation cocasse de cette petite aventure musicale. Je récupère mon sac à dos et fonce au terminal  où je saute dans mon car.

Passage de la frontière


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Départ de l'Equateur exactement un mois et un jour après mon départ.

Le car part à 6h15 de Villcabamba. Les 4 heures de route sont vraiment belles, et pour une fois, seuls les yeux en profitent, les photos dans le car n'étant jamais ni pratiques à faire, ni payantes...

A Zumba, quelques heures d'attente avant de prendre la carratera ( sorte de car ouvert ) qui nous amène à la frontière.

C'est une rivière qui marque la frontière. Celle-ci est déserte et les rares occupants semblent désoeuvrés.
Quelques tiendas et un poste d'immigration, un officier et une barrière. Deux à trois minutes auront suffi pour la sortie du pays et tout juste un vague regard sur le passeport avant de le tamponner.

Le pont qui enjambe la rivière constitue la zone franche et de l'autre côté une seconde barrière en bois marque le passage au Pérou.

Nous serons 2 à passer la frontière cet après-midi là.
En face de nous, à la sortie du pont, un vieux policier bedonnant nous pointe du doigt le petit bureau d'immigration. Les formalités d'entrée ne seront pas plus fastidieuses ni plus longues que celles de sortie.

De là, le désert presque complet. Une seule route en terre battue part d'ici et aucun car ou collectivo ne semble  arriver ou repartir. Une seule voiture est présente et paraît charger des marchandises. Celle-ci nous propose de nous emmener à San Ignacio, la première ville où passer la nuit.
Au total une bonne douzaine d'heures de voyage et à peu près autant le lendemain.

Au petit matin, dans le premier collectivo pour Jaen, au rétroviseur pendent deux petites pancartes. Sur la première, la prière du chauffeur et sur la seconde une publicité pour un filtre à particules. Sur le tableau de bord se côtoient des autocollants de la Vierge Marie et de Daffy-Duck.

Second collectivo pour Bagua Grande. Les collectivos sont de simples voitures ou camionnettes qui se remplissent à plein avant le départ et se bourrent autant que possible sur la suite du trajet.

Bagua Grande - Chachapoyas. A l'arrière de la voiture 5 places, 4 adultes et un enfant ; à l'avant, 2 adultes et un chauffeur. Evités de justesse : un vélo, une autre voiture et 2 ou 3 chiens.


Chachapoyas, Première étape. Bienvenue au Pérou.

jeudi 12 août 2010

Vilcabamba



Vilcabamba est ma dernière étape avant d'entrer au Pérou. Il s'agit d'une petite ville dont il est dit que les habitants vivent plus vieux qu'ailleurs...

Une place et quelques rues dont on fait vite le tour constituent Vilcabamba. Il règne ici comme un air du sud. Je n'avais pas vu une si belle journée ensoleillée depuis un bon moment. Déjà lors du trajet en car, les gens sont décontractés, souriants, agréables...

Les alentours se prêtent aux balades et, à peine arrivé, je pars voir la vue d'un petit pic qui surplombe deux vallées. Une fois arrivé, le chemin longe la crête puis, au bout d'un bon moment, semble ne toujours pas vouloir redescendre. Il semble même partir de l'autre côté de la vallée. Voyant d'en haut un petit chemin emprunté par les vaches, je descends en vue de le rejoindre, mais il finit par s'effacer au bout d'un instant, me laissant dans la broussaille. Il me faudra une bonne heure de marche, courbé dans les ronces et les épines, accroché et égratigné d'un peu partout, avant de retomber sur le chemin menant au village. J'apprendrai en rentrant que le chemin de la crête finissait bien par revenir du bon côté.






Voici donc mes derniers instants en Equateur. Je vais  boire un dernier Canelazo en compagnie de  Catherine et Lino, les gérants de la guesthouse et, à 6h, le car m'amènera à la frontière.


L'Equateur renferme sur une surface d'à peine la moitié de la France, une diversité de paysages et de cultures impressionnante. Les diverses ethnies indiennes, l'invasion des incas puis celle des espagnols ont formé un incroyable métissage de visages, de cultures et d'histoire : par exemple Bernardo, de Chungchilan, m'affirme que les indiens de sa région étaient déjà chrétiens avant l'arrivée des espagnols et même avant l'arrivée des incas....


Un pays meurtri par la déforestation et dévasté par l'exploitation du pétrole, qui a vu son niveau de vie divisé par 4 en moins de 10 ans. C'est pourtant un petit pays qui renferme d'incroyables richesses et peut-être la plus plus grande biodiversité de la planète.

dimanche 8 août 2010

Les Panamas




Les panamas portent ce nom car c'est de là qu'est parti le commerce de ce chapeau, le Panama étant un grand lieu de passage  pour l'exportation.

C'est en fait en Equateur qu'ils sont fabriqués. Il sont tressés à  la main dans les provinces de Cuenca et sont taillés, formés et décorés ici à Cuenca. Selon la finesse de la fibre et la qualité, cela peut prendre de quelques jours à presque deux mois pour fabriquer un tel chapeau entièrement à la main.





Après le tressage le chapeau, encore informe, est tapé pour être assoupli,  passé cinq fois dans une presse à vapeur, avec un moule lui donnant la forme d'un côté et de l'autre, puis viennent les finitions.

Cuenca

Cuenca n'est qu'à 200km environ de Macas. Il aura pourtant fallu plus de 8 heures au car pour y arriver....
Cuenca est une ville coloniale, paisible et agréable.

On croise à presque chaque coin de rue une église, une place, un bâtiment colonial.
Il fait bon s'y poser, s'y reposer, retrouver du linge propre et un peu de confort....






Ingapirca



Ingapirka veut dire "Mur de l'Inca" en Quichua. A 2 heures de  Cuenca, Les ruines d'Ingapirca arborent les vestiges d'une cité construite par les incas, sur une cité Canar déjà existante à leur arrivée. Détruite quelques dizaines d'années plus tard par les espagnols espérant trouver l'or trop bien caché, le site a une forme d'ellipse correspondant à la trajectoire de la Terre autour du Soleil.



Le site aurait donc été construit avant 1500. Au début, il était habité par une communauté cañari, dont le dieu était la lune (société matriarcale). A la fin du 15ème siècle, les incas menés par Tupac Yupanqui ont conquis le sud de l’Equateur et entrepris de construire un temple du soleil sur le site cañari. Car les incas, eux, adoraient le soleil (société patriarcale).

Les deux peuples sont donc entrés en guerre jusqu’au jour où ils ont conclu une alliance : le roi inca épouserait la princesse cañari d’Ingapirca. Le couple royal eut un fils : Atahualpa. Mais les cañaris n’étaient pas satisfaits de la situation et se sont donc déplacés plus loin dans la montagne.



A sa mort, la femme cañari la plus sage et respectée de la communauté était enterrée en compagnie de dix jeunes femmes vivantes préalablement droguées au huantuc. On dit que ces jeunes filles étaient reconnaissantes de mourir pour leur aînée et croyaient en la réincarnation.


 
Les incas  étaient très au point dans le domaine de l'astronomie  ( on trouve sur le site des calendriers faits de trous dans la pierre et remplis d'eau. En se plaçant au bon endroit, on pouvait, en fonction du reflet de la lune dans les petites flaques d'eau connaître l'année, le mois, le jour.....). Ils étaient aussi de bons architectes. Ils donnaient à leurs portes et fenêtres une forme trapézoïdale pour éviter que les maisons ne s’effondrent lors des tremblements de terre et l'assemblage des pierres se faisait sans mortier...

mercredi 4 août 2010

Chez les Shuars

Nous partons de Puyo en milieu de matinée avec César. Un peu plus de 4 heures d'autocar nous amènent à un croisement à quelques kilomètres de Macas. De là nous attendons un autre autocar pour une bonne heure de piste qui nous conduit chez son frère. Nous y passerons la nuit.




Nous sommes en plein coeur de la forêt primaire amazonienne. Du vert très vert à perte de vue et pas une maison ni une route, aussi loin que porte le regard ; ça donne vraiment la sensation de se sentir en plein coeur du poumon du monde....




Territoire des Shuars


Territoire des Shuars




Les problèmes entre le gouvernement et les Shuars sont nombreux. L'Etat ne reconnait pas vraiment leur présence sur des territoires qu'ils occupent historiquement aussi loin que les plus anciens se souviennent. Ainsi, ils voient leur lieu de vie déforesté, rogné par des routes tracées dans le plus total non-sens. Les Shuars se voient aussi obligés de demander des permis de pêche par exemple... César se bat comme il peut pour faire reconnaitre les droits des Shuars et pour la conservation de leur lieu de vie.






Aujourd'hui, les Shuars ne s'habillent plus dans la tradition et ne se maquillent plus, sauf quelques rares anciens et quelques communautés totalement coupées de la civilisation et, comme les Tsachilas, une poignée d'entre eux se bat pour transmettre les traditions et coutumes....



Il pleuvra toute la nuit et, bottes aux pieds, nous marchons trois bonnes heures dans 30cm de boue, traversant des ponts de 10m faits de simples rondins de bois... pour arriver enfin chez les parents de César.



Chez les parents de César




Chez les parents de César
De là, nous gagnons assez rapidement la maison des anciens de la communauté.

Après une bonne heure de discussion à propos de ces interviews et ce à quoi elles vont servir, nous passerons toute la fin de la journée, sous la pluie dans la hutte, à faire les interviews et, sur leur invitation, à enregistrer quelques chants traditionnels afin de leur offrir une mémoire écrite de la disparition des anciens. Ils expriment aussi la volonté de créer plus largement des archives audio et vidéo de leurs coutumes et traditions, car ils sentent bien qu'elles ont déjà presque disparu...

Nous convenons de voir ce qu'il sera possible de faire à mon retour en France.



Je vous retranscrirai le contenu de l'interview dès que possible ou je vous laisserai dans l'attente de découvrir cette communauté à mon retour, en vidéo....



Enrique Ayuy Petsein Chiriap


Petsein Pujupat Saant
Rosa Tsemaik Chiriap Tandu