Dès mon arrivée, Chachapoyas me séduit. Petite, charmante, tranquille et accueillante, sa place unique et verdoyante arbore une petite église et des fanions colorés. Nous sommes le 13 août et déjà commencent les festivités du 15.
Sur la place s'érige un feu d'artifice très artisanal. Une structure, faite de fins bambous et de ficelles, forme une tour d'une trentaine de mètres de haut sur un mètre-carré au sol. Sur cette armature sont fixés pétards, fusées, effets pyrotechniques, mots de feux etc...
Tout autour de la place, des marchands de barbe-à-papa, d'artisanat et de jouets divers sont accompagnés par les fanfares et des petits spectacles.
Il est presque minuit et après une grosse journée de voyage, éprouvante et inconfortable, je ne tiens pas plus longtemps et me couche avant l'envoi du feu d'artifice.
Près de Chachapoyas (trois heures) se trouve le site archéologique de Kuélap.
J'ai 2 possibilités pour m'y rendre : soit prendre un car vers 8h, pour une visite de 11h à 14h, la pire pour les photos et pour l'affluence, soit prendre un collectiva partant à 3h du matin...
Cela peut paraître un peu fou mais c'est finalement la meilleure solution pour profiter pleinement du site. J'arrive avant 7h et attends une petite heure avant de monter sur les lieux. A cette heure évidemment les quelques travailleurs matinaux du site sont surpris d' avoir déjà de la visite.
Suzanna travaille sur place (recherche et guide) depuis des années, sa famille possédant le terrain sur lequel le site a été découvert.
Celui-ci a d'abord été construit et occupé par les Chachapoyas, une civilisation pré-inca. Les Incas, après leur conquête, ont bâti de nouvelles habitations. Enfin, les conquistadors ont aussi construit quelques bâtisses. On trouve ici des traces de ces trois civilisations, dont les techniques de construction diffèrent.
Mais la grande majorité du site reste chachapoyas. Les constructions rondes de cette tribu arborent les symboles de ses divinités : le caïman, le condor, le puma, le jaguar, le boa et un autre serpent dont j'ai oublié le nom.
Jaguar |
Caiman |
Les constructions incas et espagnoles sont rectangulaires et se différencient entre autre par leurs portes.
On trouve dans la pierre quelques symboles taillés. Parmi eux, un petit visage que Suzanna suppose être une tête d'extra-terrestre, ayant elle-même observé d'étranges phénomènes.
Nous nous séparons vers 11h. Je redescends par le très joli chemin qui aboutit sur Tinga en 2 heures et qui réduit d'autant la durée de trajet en voiture.
De retour à Chachapoyas, une bonne surprise m'attend. Deux autres tours/feux d'artifice ont été montées durant la journée.
Sur la place, je rencontre Jorge, un artisan péruvien sur les routes du pays depuis un moment, bavard et plein d'histoires sur ses voyages.
En passant à l'hôtel je croise Carlos, le propriétaire, qui m'invite à me rendre dans la cour intérieure où, accompagné d'un ami, il donne un petit concert....
La nuit est tombée depuis peu, la température est douce et l'on nous apporte des petites liqueurs pour agrémenter la soirée.
Tout juste après cette charmante petite sérénade, le feu d'artifice sur la place voisine commence, les tours s'allument et s'enflamment, de bas en haut, projetant en l'air fusées, pétards et autres effets.
Je retrouve Jorge et quelques-uns de ses amis pour une soirée festive et bien arrosée avant de trouver porte close devant l'hôtel vers les 4h... Le gardien finit par m'ouvrir et je m'écroule dans le lit après cette longue journée de 25 heures ....
le lendemain en me levant, je découvre dans la rue - tracés sur le sol - des schémas de routes bloquées à la circulation, des dessins éphémères faits à la sciure colorée, au sable et autres, représentant des drapeaux et des fresques religieuses.
Un peu plus tard dans la matinée commence une longue procession. Tous les jeunes enfants sont habillés en anges auréolés. Ils sont suivis de prêtres, d'évêques, d'une statue de la Vierge portée par quatre hommes, de personnes tenant des bougies et des fleurs, d'un orchestre, et d'une bonne partie des habitants de la ville, le tout dans une ambiance aussi festive que religieuse.
Une fois le calme revenu, je rejoins le petit groupe de la veille pour un petit repas fort sympathique avant de nous séparer.
Je retrouve ensuite Carlos et Flor qui on chanté la veille au soir, leur ayant proposé un petit rendez-vous pour filmer quelques chansons...
Carlos, très occupé, est un peu en retard et le guitariste un peu éméché par la fête ne veut pas venir et préfère que l'on vienne à lui...
Nous sautons donc dans un taxi et faisons demi-tour, Carlos ayant oublié sa guitare. Nous repartons mais nous sommes bloqués par des défilés et des fanfares avant d'arriver sur place. Mon autocar de nuit pour Chiclayo part dans moins d'une heure...
C'est donc un peu dans la précipitation que nous enregistrons 3 chansons dans une toute petite cour, sous les regards fortement éméchés mais attentifs des quelques personnes présentes, avant de courir pour retourner à l'hôtel, un peu hilares en raison de la situation cocasse de cette petite aventure musicale. Je récupère mon sac à dos et fonce au terminal où je saute dans mon car.