jeudi 30 septembre 2010

La vallée sacrée



















Machu Picchu

Après un superbe trajet en train depuis Ollatayambo, j'arrive à Agua Caliente, petit village bondé puisqu'il est, outre l'Inca-trail, le seul point de départ et d'arrivée pour les 2500 visiteurs journaliers du Machu Picchu.

Aujourd´hui, il semble se composer uniquement d'hôtels, de restaurants et de stands de souvenirs.



Le Wayna Picchu (montagne jeune) est la montagne que l'on voit en arrière-plan de toutes les photos du Machu Picchu. L'accès y est limité à 400 personnes par jour et les premiers arrivés sont donc les seuls à pouvoir monter.



Espérant un lever de soleil sur le site, je me lève vers 3h30. La première demi-heure longe le fleuve, avant d'arriver à un pont fermé par des grilles.. Il faut attendre 5h00. Sur place déjà 3 personnes. A l'ouverture des grilles, 3/4 d'heure plus tard, une cinquantaine de personnes est arrivée.

50 visiteurs, on est loin des 400 et les premiers cars ne partent que plus tard. Je ne comprends donc toujours pas la cohue et la ruée à l'ouverture des grilles Tout le monde se bouscule pour partir le premier. Il ne manque plus que les dossards pour se croire à une compétition !





L'arrivée sur le site encore endormi est magique, même si l'air est très laiteux.

Bien vite le site se remplit, et la queue pour l'ascension du Wayna Picchu commence. Le chemin tout en escalier taillé est impressionnant de travail. La vue tant attendue depuis le sommet est......laiteuse, et on ne distingue qu'à peine les ruines. Cependant, la ballade est agréable.





De retour sur le site, je vadrouille et laisse traîner mes oreilles dans divers groupes de visites guidées, tantôt en anglais, tantôt en espagnol et parfois même en francais.



30% du site est restauré, ce qui représente pour moi un non-sens. Visiter des ruines restaurées en partie soit, mais pas de cette façon ! Les incas avaient une maîtrise incroyable de la pierre : les murs de blocs énormes sont taillés à la perfection, comme s'ils étaient faits d'une seule pièce dans laquelle on aurait tracé de fines lignes. Ils se voient surmontés d'un vulgaire amas de pierres brutes liées au mortier....

















Un des endroits majeurs du site est un observatoire astronomique. Il est constitué d'une pierre taillée de facon tout à fait particulière. En fonction des ombres projetées, les astronomes d'alors pouvaient savoir précisément les dates des équinoxes et des solstices, entre autres.

Cette pièce était surmontée d'une colonne plus haute qui s'est vue décapitée dans une histoire improbable par une grue, lors du tournage d'une publicité.









N'ayant pas eu de chance avec la lumière du matin, je traînaille et sièstouille sur les pelouses du site, attendant que le soleil descende et que le site se vide. Je ne serai pas déçu !









Je rentre après que le soleil soit passé derrière les montagnes.



J'étais seul aujourd'hui sur le site du Machu Picchu ( à 2499 personnes près). On se projette très facilement 6 siècles en arrière dans cet endroit incroyable où l'on imagine assez facilement la vie à l'époque et où l'on ne serait pas étonné de voir un inca tourner dans une ruelle de pierre.

samedi 25 septembre 2010

Cuzco

Cuzco est fascinante et énervante, sublime et ravagée, pleine d'histoire tristement devenue folklore.


L'architecture est un mélange étonnant des styles inca et colonial.
Des blocs énormes - taillés au millimètre et encastrés sans aucun liant - se mélangent avec les couleurs, les balcons en bois et de très nombreuses églises.


















Les ruelles pavées grimpent et sillonnent la ville. La nuit, des milliers de lumières la transforment en un ciel étoilé au centre duquel trône la cathédrale.








Un joyau comme celui-ci ne pouvait pas rester intact bien longtemps, et aujourd'hui la place et les ruelles du centre sont devenues une immense suite de boutiques de souvenirs et de restaurants, tous identiques. A chaque pas on est interpellé pour une boutique, un restaurant, un massage, un hôtel, ou pour faire un tour....Les femmes en habits traditionnels se promènent avec un lama ou un bébé chèvre et vendent la pose photo.


Ce flot de touristes, dont je fais partie, détruit peu à peu toute l'authenticité qu'il était venu chercher. Ainsi, dans ce genre d'endroit et d'ambiance, je me sens très mal dans ma peau de voyageur, coupable de dénaturer sur son passage sous prétexte d'une envie de découverte...


Peut-on voyager sans détruire ?

vendredi 24 septembre 2010

Huancayo/ Ayacucho / Andahuaylas

Huancayo est une ville assez grande : rien ne la caractérise spécialement, si ce n'est peut-être son marché du dimanche.



    A une heure de marche au nord de la ville se dressent les colonnes de Torres Torres. L'érosion du site s'est faite de manière très particulière et a laissé droit comme des obélisques de très nombreuses colonnes.




    Un peu avant mon arrivée, un groupe de niños m'accueille et cherche le contact. Je leur propose donc de m'accompagner sur le site à quelques centaines de mètres.


    C'est ainsi, bien entouré et guidé, que j'essaierai de voir bien souvent en vain les figures qu'ils voient, eux, très clairement dans la roche. Ici des dinosaures ou des baleines, là des chapeaux, des mariés, des incas...



    Le tonnerre gronde et la pluie commence à tomber ; nous faisons demi-tour et les enfants se dispersent.

    La nuit tombée, je visite le parc de l'identité Wanka. Ses décorations me rappellent un peu le parc Guell de Barcelonne.
    



   Je prends le lendemain un car pour Ayacucho, dans lequel je rencontre une mère et sa jeune fille qui me proposent l'hospitalité.
    C'est toujours étonnant et touchant de voir à quel point ce sont très souvent les familles les plus modestes, voire démunies, qui accueillent à bras ouverts !




La ville compte 33 églises reconnues ( comme l'âge du Christ) mais elle en possède encore plus.
Au sein d'une manifestation étudiante je rencontre Juan, militant communiste, avec qui je m'entretiens longuement sur la politique corrompue du Pérou ( disons peut-être plus ou moins ouvertement qu'ailleurs...) et sur le leader de leur parti emprisonné à vie pour des raisons politiques.


    Il m'explique que s'il y a autant d'églises, c'est qu'Ayacucho a vécu des batailles parmi les plus rudes, lors de la conquête espagnole, et  l'évangélisation a été plus difficile qu'ailleurs. Lors de l'indépendance également, des affrontements et des batailles très dures ont eu lieu ici, ainsi que de grands soulèvements populaires dans les annés 80 qui ont donné lieu à une sévère répression.



    
    Ayacucho est aussi un lieu très marqué par l'artisanat, et je décide de rencontrer et d'interviewer Edwin Pizzarro, dans sa maison/atelier du quartier de Belen, un des plus grands rétablistes du Pérou.




   Dans le quartier voisin, une grande fête annuelle anime les rues. Il faut dire qu'au Pérou et notamment dans certaines régions, il y a plus de fêtes que de jours dans l'année et il eût été bien malchanceux de n'en croiser aucune.




    Ainsi, parades, danses et musiques débordent jusqu'aux portes d'Edwin. Nous partons ensemble profiter de cette ambiance. Les rues sont pleines de stands d'une boisson bue uniquement à cette occasion, et de stands de nourritures.
    En montant un peu plus, et grâce à la notoriété d'Edwin, nous réussissons à nous faufiler sur le toit d'une maison, bondée comme toutes les autres, tel les gradins d'une arène provisoire.
De là nous pouvons voir le spectacle :




    Des taureaux sont, tour à tour, lâchés dans l'arène puis chariés, titillés et énervés, excités par des torréadors d'un jour, jeunes, vieux, sobres ou ivres, dans un désordre festif le plus total.
    Les taureaux ne sont ni tués ni blessés et plusieurs personnes me diront que c'est bien souvent les hommes qui sont blessés plus que l'inverse.



    Le tout se déroule dans une ambiance bonne enfant où les plus sobres prennent soin des autres un peu trop sûrs d'eux.


Le soir sur la place, après un petit feu d'artifice devant la cathédrale et alors que je photographie un défilé de lanternes, Bob l'éponge, Juan (le communiste du matin) m'interpelle et m'invite dans son café.
Là, je rencontre quelques-uns de ses amis autour d'un café. J'apprendrai notamment quelques mots en quichua et une image intéressante :

Lors d'autres fêtes dans certaines parties des Andes, le taureau charrié cet après midi se voit affublé d'un condor sur le dos qui le picore. C'est effectivement une image que je retrouverai beaucoup par la suite. Elle symbolise la revanche ou la victoire des peuples andins (condor) sur les conquistadors espagnols (taureau).






Le lendemain matin je retourne chez Edwin pour photographier une partie de ses pièces pour son site internet en construction.
Je grimpe ensuite dans le quartier des artisans. Mais toutes les rues sont désertes et les portes fermées. Peut-être sont-ils tous à la fête voisine.


    
Après les adieux avec la famille m'ayant accueilli, je prends un autocar de nuit, direction Cuzco mais avec une étape à Andahuaylas, pour couper en deux les 20 heures de trajet.

    J'arrive à Andahuaylas vers 4/5h du matin ; dans ces régions montagneuses du Pérou, les cars ne sont pas les gros autocars très confortables décrits il y a quelques  temps ! Les routes n'étant pas goudronnées, cela rend le trajet de nuit quelque peu fatigant. Je me repose donc quelques heures avant de monter jusqu'à un paisible lac, où je me plongerai dans mon livre, et j'en sortirai à la moitié de celui-ci pour savourer une truite fraichement pêchée, avant de m'y replonger jusqu'à la dernière page, juste avant de prendre le car pour Cuzco!